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Fracture sanitaire dans la Manche et en Normandie : ça s’aggrave…

Après trois premières alertes de l’UFC que choisir (2012, 2016 et 2022) sur l’accès aux soins dans chaque département de la Région, selon la dernière étude que nous avons effectuée, la nouvelle cartographie ne montre pas d’évolution, plutôt une dégradation. Cela dure depuis trop longtemps et les UFC Que Choisir de la Région Normande passent aujourd’hui à l’action.

Nous rappelons que notre approche sur la fracture sanitaire combine l’accès géographique et l’accès financier (la pratique ou non de dépassements d’honoraires par les médecins dits « en honoraires libres »), puisque les dépassements d’honoraires sont de nature à entraîner un renoncement aux soins.

En prenant en compte ces deux dimensions de l’accès aux soins, l’UFC Que Choisir a étudié la localisation et les prix pratiqués par les médecins libéraux de 4 spécialités en accès direct : les Généralistes, les ophtalmologues, les pédiatres, et les gynécologues.

Nous vous invitons a consulter sa carte interactive en cliquant sur ce lien et à soutenir son action en signant et partageant en masse sa pétition sur le site : « Accès aux soins : j’accuse l’État »

La désertification médicale s’accentue, alors même que la demande en soins s’accroît et que nos hôpitaux sont à flux tendus. Tous les efforts entrepris notamment par la sécurité sociale et l’état pour faciliter leur installation dans des zone qui en manquent cruellement n’ont pas permis globalement de véritablement faire évoluer la situation.

Or des sommes énormes ont été dépensées et on se dispose vraisemblablement à reprendre les même recettes (incitation financière principalement, exonération fiscale, construction de bâtiments, aides diverses, subventionnement de personnel..). Tout cela de manière peu efficace, avec de bien maigres résultats au niveau global d’après notre enquête. Nous allons vers une densité plutôt moindre de médecins dans la décennie qui suit (suite de la vague de départs en retraite des médecins de la génération du baby-boom, durée d’étude), …Faudra t’il attendre 2035 pour inverser la tendance ?

La situation dans la Manche

Ainsi, en 2023, pour la Manche, la situation est particulièrement grave, 35,6 % de la population rencontre des difficultés d’accès aux généralistes ; 38 % des femmes subissent un désert médical pour accéder à un gynécologue, tous tarifs confondus, mais ce chiffre passe à 51,4 %, une femme sur deux rencontre en plus des difficultés géographiques, un obstacle financier.

C’est encore pire pour les enfant de 0 à 10 ans qui se trouvent dans un désert médical par rapport aux pédiatres tous tarifs confondus, mais si on ne retient que ceux qui s’en tiennent à 100 % du tarif sécu, on aboutit à 92,9 % ! Quant aux ophtalmologues, ce sont 41,4 % qui se trouvent dans un désert « ophtalmologiste » si on ne tient pas compte de ceux qui pratiquent des dépassement et cette proportion grimpe à 59,3 %.

Une situation qui se dégrade

Nous avons comparé les résultats de cette année avec les données collectées en 2021, que nous n’avions pas jusqu’à présent exploitées.Cette comparaison montre qu’en seulement deux ans la situation s’est relativement dégradée pour un grand nombre d’habitants de la Manche
Ainsi, 45,1 %, 62,3 %,  et 52 % des habitants du territoire résident dans une commune où l’accès géographique à respectivement un généraliste, un ophtalmologue, et un gynécologue est moins bonne aujourd’hui qu’il y a deux ans.

Plus d’un médecin sur 2 refuse de nouveaux patients, des rendez-vous  qui tardent

Des chiffres réactualisés : au niveau national, 51,5% des médecins généralistes interrogés par des bénévoles enquêteur en tant que client mystère ont indiqué en début d’année 2023 ne plus prendre de patients en tant que médecin traitant (vs 44 % en 2019), ils n’étaient que 52 % pour la Normandie et sur la dizaine interrogés dans la Manche, ce qui est faible (difficulté à les joindre par téléphone, répondeur, doctolib ou autre) mais tout de même significatif, le taux est de 89 %. Ce qui est est sûr, c’est que la situation a évolué défavorablement

Autre indicateur : 45600 patients de plus de 16 ans n’ont pas de médecins traitant dans la manche. A quoi rime cette nécessité d’avoir un médecin traitant. ?

Les bénévoles de l’UFC Que Choisir ont également contacté des ophtalmologues en tant que « patients mystère » pour savoir s’ils acceptaient de nouveaux patients, et, si oui, quels étaient les délais pour pouvoir effectivement les consulter.

Alors que le taux de refus est de 28 % au niveau national, notre enquête montre que ce taux se porte à 46 % au niveau de la région normande. Si les patients peuvent se réjouir d’obtenir un rendez-vous, force est de constater qu’ils doivent s’armer de patience avant de se rendre à une consultation.

Au niveau de notre région, dans 43 % des cas il faut patienter entre 1 et 3 mois pour voir un spécialiste, et dans 43 % le temps d’attente est supérieur à 3 mois

La situation ne peut demeurer en l’état

l’UFC Que Choisir milite pour au moins la régulation de l’installation des praticiens libéraux depuis plus de dix ans.Des mesures fortes auraient dû être prises pour l’égal accès aux soins de tous, sur tout le territoire comme le garantit la constitution, et s’en prévaut l’état (cf. les lettres de cadrage adressée à la sécu et au médecins dans le cadre des négociations tarifaires en cours avec la profession des deux derniers ministres de la santé).

Face à une situation qui s’aggrave , l’UFC Que Choisir veut passer à la vitesse supérieure :

L’ UFC Que Choisir dépose un recours au Conseil d’Etat, dénonçant l’inaction du Gouvernement, dans la perspective que des mesures coercitives permettant d’assurer l’égal accès aux soins des patients soient enfin (!) prises.

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